Le hasard

Edito du 3 Octobre 1998




Précédent Comment je l'ouvre ? INDEX des éditos Pourquoi je l'ouvre ? Suivant




Hier, ou avant-hier, il y avait sur Arte une soirée consacrée au hasard, et notamment un reportage sur des chercheurs dans ce domaine.


J’adore ce genre de sujet parce que c’est tout ce qui me fascine dans l’humain, ce qui le rend exceptionnel : être obsédé par son mal aux dents et en même temps inventer des outils conceptuels pour vérifier si il se passe bien ce qu’il a prévu à mille années lumières dans un coin du ciel où personne n’avait regardé jusqu’à présent.


Je précise tout de suite que ce n’est pas une fascination pour la recherche ou pour la science que j’ai, car ce génie là, c’est tous les humains qui le possèdent, et que quelqu’un qui modifie légèrement une recette de gâteau pour que des gosses puissent la faire, relève du même génie. D’ailleurs je crois que c’est Curnonski qui disait : découvrir une nouvelle recette c’est encore plus important que de découvrir une nouvelle étoile. Ou alors c’est quelqu’un d’autre.

Pour revenir au hasard, ce qu’il ressortait de ce reportage était à bord flou et assez inintéressant : peu de résultat, pas grand choses à conclure.

Alors comme je suis vraiment un mec très sympa, et que je dis ce que je veux, voici mon éclairage personnel sur quelques points qu’il faudrait éclaircir si ils veulent avancer.

Ils montrent, par exemple, des tentatives de modifier des résultats de logiciels informatiques par des observateurs humains. Ca sous entend que le hasard serait quelque chose "entre" l’opérateur et la machine, ou quelque chose dans lequel baignent les deux, hors le hasard est uniquement dans le cerveau de l’opérateur puisque c’est un concept humain. Il y a peu de chance que les programmes aléatoires de l’ordinateur réagissent à un concept intellectuel (à moins qu’il pense, ouaf, ouaf !) et à peu près aucune que de penser conceptuellement puisse modifier quelques ondes méconnues ou le pourcentage de radicaux libres dans l’air.

De plus cette expérience sous-tend une possibilité de transmission…et là il me semble que la façon la plus productive d’aborder un tel problème sans même savoir comment un humain peut transmettre quoi que ce soit dont il n’ait, en plus, pas vraiment conscience, c’est de choisir un récepteur dont tout nous laisse penser qu’il est effectivement sensible : l’humain lui même.

Pour donner un exemple, je pense qu’on obtiendrait des résultats beaucoup plus significatifs que sur un logiciel quelconque, en posant une marque dans un lieu public et en essayant de modifier l’équilibre, mesuré au préalable, des gens qui passent à droite ou à gauche de la marque.

Mais la critique la plus fondamentale que j’ai à faire sur ces processus de recherche c’est de privilégier l’expérimental sur le conceptuel. Les lois de la mécanique quantiques ont attendus 50 ans avant qu’existe une vérification expérimentale qui était plus une confirmation amusante qu’autre chose.

Un des vecteurs de recherche conceptuel évident est le hasard, lui même.

Qu’est ce que c’est que cette bête ? Le hasard est fortement lié au temps.

Un phénomène qui aurait une cyclicité de 10 000 ans et qui se produirait devant mes yeux ébahis, je l’attribuerai au hasard alors qu’il n’en est pas (parce que je n’étais pas là il y a 10 000 ans et que je ne serai pas la dans 10 000 ans pour le voir se reproduire avec sa régularité bonhomme et tranquille), et un phénomène au hasard qui se produirai des milliers de fois par secondes serait perçu comme une continuité palpable, un bruit constant, et rien ne me permettrai d’en surprendre l’aléatoire.

En aparté, il-y-a-t-il des gens qui travaillent sur des cyclicité très longues ou très courtes ? A quoi ressemble un phénomène à 10-30 Hertz ou à 8 mille milliards de MegaHertz ? (C’est intellectuellement concevable et il n’y a aucune raison pour que l’univers se soit privé de ces joujoux là !).

Et pour en revenir à ce processus de recherche dont je parlais, il mets en évidence une des limites de la connaissance qui est la nécessité qu’elle se pose de la reproductibilité des événements pour pouvoir les considérer.

Aussi modifiant soit-il, un événement qui n’arriverait qu’une seule fois (vous sentez encore le rapport au temps…) ne pourrait pas être pris en compte.

Si, si, le Big Bang…direz vous…Eh ben tiens ! Elle est bonne celle là !

Je vous montrerai une prochaine fois tous les indices qui me laissent penser que le Big Bang n’a jamais eu lieu.






Précédent Comment je l'ouvre ? INDEX des éditos Pourquoi je l'ouvre ? Suivant

Philippe TURCAT

© Octobre 1998
3582 signes