Sujet : TéléMoi

 

Edito du 24 Septembre 1998




Mais qui c’est ce mec ? D’où y sort ?


C’est moi, voilà ! C’est un mec, comme ça.


Je voulais savoir si vous aviez une opinion que vous n’aiyez pas lue dans le journal, si vous pensiez parfois, ou si vous gobiez tout ce qu’on vous raconte, alors j’ai fait une télé sur le Web.


Evidemment c’est moi qui parle et pas vous…mais la différence c’est qu’ici, sur le Web, vous pouvez réagir.


Forcément c’est pas une télé érotique, bien que si j’avais eu le physique, ça m’aurait assez plu …C’est une télé avec des idées dedans, des idées envoyées plutôt que des idées reçues…si je peux me permettre ce mauvais jeu de mot…


Je pense pas que ça sera triste, parce que je ne suis pas quelqu’un de triste, mais mon but premier, ce n’est pas de faire rire.

Par contre ce plaisir très subtil qu’on a quand on comprend quelque chose et qu’on sait qu’on se prendra plus les pieds dans le tapis…Ca, ça m’intéresse assez.


Et puis quand on regarde non pas le monde, mais les raisons pour lesquelles il est comme qu’il est…y’a parfois vraiment de quoi rigoler ! Ou pleurer d’ailleurs selon votre état d’âme.


Pour faire bouger les choses, avancer le schmilblick, j’aurais tout aussi bien pu faire de la politique, certains de vous doivent même penser que ça serait plus efficace.


Mais d’une part, comme la plupart d’entre vous, je suis un peu sur ma faim par rapport à la proposition politique, pas très innovante, pas très identifiée gauche/droite et d’autre part je nourris l’idée que pour que la politique propose des modèles de sociétés excitants, c’est à dire dans lesquels on ait vraiment envie de vivre, il faut d’abord que les esprits des individus que nous sommes aient été capables de les imaginer, ou même de les rêver… si vous voulez.

Et puis pour qu’un parti adopte une idée, il faut déjà qu’elle ait fait un bout de chemin toute seule, qu’elle ait supporté d’être minoritaire, ou portée par un seul des individus solitaires que nous sommes.

Et ça, comme personne s’en occupe, j’ai décidé de m’y coller. Tous seul, mais avec vous en face, tous seuls aussi…


Pour que les choses soient claires : je suis de gauche, d’aucun parti mais de gauche. Pas par habitude ni par culture ni par conviction (je me méfie pas mal des convictions, je vous expliquerai pourquoi).

je dirais en souriant que je suis de gauche par opportunisme, par avidité…parce que tout ce qui se crée de richesse sur cette planète, c’est le fait d’individus et d’aucune structure, pas même la plus dynamique des entreprises. C’est les gens qui sont dedans.


Et même les pauvres créent de la richesse sans le savoir : leur langue, leur façon de penser, leur art, tout.

Chaque centime ou chaque dollar échangé en bourse est né dans la tête de l’un d’entre nous ou d’un humain avant nous.


Alors cette formidable quantité de créateurs de richesse que nous sommes pourrait se bouger un peu le lard pour essayer d’inventer de quelle façon elle voudrait vivre, et les politiques suivraient d’autant plus volontiers qu’ils semblent un peu à court d’idées, ces temps ci.


Je ne dépend de personne, je dis ce que je veux, comme je veux, j’ai parfois des idées de réponses mais le plus souvent des questions, comme un humain, c’est à dire un peu sur tout et sans envie de les classer.


Le Web, c’est un lieu nouveau pour donner ça en pature au monde, à vous, et à mon avis, ça promet !


Je prend le risque d’y mettre ma gueule, pas pour montrer que j’existe, mais pour faire exister un discours d’individu, comme un autre, pas un discours d’expert, et me prêter à ce jeux de la civilisation de l’image dans laquelle nous vivons.


Je suis certain qu’il y a quelque chose à inventer, à sortir de cette expérience.


Et si il n’y a que le sexe qui vous intéresse, je connais des webcams qui font ça. Moi, je ne pense pas montrer mon cul…mais sait-on jamais…Quand je me mets en colère, tout peut arriver.


A demain sur TéléMoi


Philippe TURCAT

© Septembre 1998

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