Sujet : Le chauffage
Edito du 6 Octobre 1998
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Aujourd’hui, c’est le 6 Octobre, il fait 12 degrés dehors à Paris, je suis fatigué. J’ai le nez qui coule et je me suis réveillé cette nuit parce que j’avais froid.
J’ai mal dormi, j’ai pensé.
Chez moi, il y a un chauffage collectif et on l’allume le 15 Octobre.
C’est quand même extraordinaire, qu’à l’aube de l’an 2000, où la technologie pourrait nous permettre de vivre dans des lieux à température contrôlée hiver comme été, au plus juste de la consommation d’énergie, le chauffage est allumé non pas en fonction de la température mais en fonction DE LA DATE !!!!!
Dans un premier temps, cet absurde manifesté m’a fait rire. Imaginez par exemple qu’on fasse ça avec la lumière. On allume les éclairages à 8 heures.
L’été on aurait la lumière alors qu’il fait jour jusqu’à 11 heures du soir, et l’hiver l’activité économique du pays s’arrêterait entre 4 heures de l’après-midi et l’heure légale d’éclairage. Je pense qu’il y a même des gens qui arriveraient à calculer qu’on fait une économie quelque part.
Et puis j’ai parcouru la chaîne des justifications qui amènent à cet état de fait imbécile, dans lequel, entre deux reniflements, je regrette le confort de l’homme des cavernes qui lui, sans doute par inculture profonde, allumait du feu quand il avait froid, en fonction de la température, c’est à dire n’importe quand !
La véritable chienlit !
Et je m’imaginais face à la personne qui a pour charge d’allumer la chaudière et qui, bien entendu, regarde sa montre… à essayer de me faire expliquer comment ma vision de la modernité qui n’est pas si délirante est en bute à des pratiques qui nient totalement l’intelligence la plus spontanée.
Je suis certain qu’elle m’aurait invoqué des raisons économiques en premier, alors que probablement si on prend en compte les quelques millions que cette pratique doit coûter à la sécurité sociale entre le 1er et le 15 Octobre, les années où ça caille, la rentabilité ne doit pas être si évidente…et que les années où on à l’impression d’être en été jusqu’en Novembre, les quelques millions de tonnes de mazout qui sont brûlées, pour rien, pourraient aussi faire partie du calcul…
Puis, en second, des raisons d’inertie mentale : C’est plus facile…c’est l’habitude, et autres conneries qui permettent de refuser de voir qu’un système d’organisation arrive à ne plus rendre le service pour lequel il est créé, à savoir :
On chauffe pour avoir chaud quand il fait froid.
C’est inquiétant d’avoir à rappeler de telles banalités !
Et puis je suis sûr que mon intermédiaire chauffagiste, blessé par l’image que lui renvoie mes questionnements justifiés (quand même !), en serait venu à un : "Allez leur expliquer aux gens, vous qui êtes si malin, allez leur dire qu’ils ont plus de charges que l’année d’avant…"
Et ca je peux le faire tout de suite sans qu’on me demande.
Chers amis, vous avez raison de vous méfier des gens qui gèrent vos intérêts, essayez d’obtenir d’eux une certaine transparence, mais si vous voulez avoir chaud quand il fait froid, il faudra accepter que votre facture d’énergie soit plus élevée les mauvaises années que les bonnes.
Ca va ? C’est pas trop dur à comprendre ? J’ai blessé personne au moins ?
Sinon, achetez des mouchoirs, parce que le seul domaine où on tiendra compte des variations saisonnières, c’est les chiffres du chômage.
On vit une époque merveilleuse !
Tiens ! C’est de qui ça "On vit une époque merveilleuse" ?
Cavanna ?
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© Octobre 1998
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