L’individu

Edito du 21 Octobre 1998



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Pour ceux qui sont allés lire les principes fondateurs de Télémoi, ils ont dû voir que j’y parle d’individu, d’opinion individuelle.

Je suis bien conscient de ce que je fait ici. Et ce positionnement vis à vis de l’élément de base constitutif de nos sociétés, à savoir l’être individué (si vous permettez) mérite que je développe un peu.

Pour moi, c’est une évidence que la source de toute création de richesse, c’est l’individu, et que la seule chose que l’argent permet d’échanger, c’est la plus-value humaine quelque soit le stade de l’échange marchand.

Pensez-y ! En plus c’est assez évident.

On croit acheter une table, un objet, en fait on n’achète que le travail humain, à travers des méandres parfois très complexes, mais dont le résultat objectif est qu’elle est là devant vous, cette table, avec un prix scotché dessus, et que personne n’est capable de rien faire pour que la matière qui la constitue existe. Le bois, ça poussait avant l’humain.

Il y aurait alors deux questions qui viendraient naturellement à l’esprit :

Le première qui est assez d’actualité : Comment l’humain , quel qu’il soit, peut-il à un moment se retrouver victime d’un système économique dont il est l’aliment indispensable et l’unique source ?

C’est un grand mystère et on aurait mieux fait de se la poser plus tôt.

L’autre, c’est : Par quel artifice étrange, cet individu, base de la création de richesse, qu’il le veuille ou non, est-il sorti du champ de vision de nos sociétés qui ont eut pourtant bien du mal à devenir ce qu’elles sont, c’est à dire la façon la meilleure, ou la moins pire, de vivre ensemble.

A la première question je n’ai pas de réponse, j’ai des idées de direction que je développerais ici, quand ce me viendra. Après tout c’est Télémoi, je fais ce que je veux.

A la seconde question, un des éléments de réponse, ça pourrait justement être Télémoi. C’est à dire : considérer que l’opinion individuelle reste la source première de l’évolution de nos sociétés, et donc choisir un canal d’expression qui ne peut en aucun cas en faire l’opinion d’une minorité, d’un parti, ou même d’une majorité, peu importe, en fait d’une structure quelconque.

C’est à dire d’une entité qui aurait ses propres intérêts et ses propres lois : plus du tout celles que désire l’individu.

Ces idées que je développe ici, je les publie, au sens ou elle sont accessibles à n’importe qui, évidemment elle peuvent prêter à discussion, à controverse, ou entraîner des réflexions connexes ou carrément orthogonales, mais même en passant de cerveau en cerveau à travers vos yeux ébahis, elles gardent cette qualité première de rester des idées d’individu.

Et ca c’est exprès !

Parce que je sens incidemment, que la possibilité de fédérer autour d’idées, ce qui parait nécessaire à un entendement commun, induit immédiatement un usage nocif pour l’humain, (usage qu’on a mille fois rencontré dans l’histoire) et qui incite à construire notre futur sur des idées majoritaires dont rien ne dit qu’elles soient les meilleures, au détriment de la recherche de voies d’évolutions nouvelles que très peu de gens ont le pouvoir ou le courage d’imaginer.

Est ce que la plus grand nombre peut avoir le sens acquit et miraculeux de ce qui est le meilleur pour l’avenir ? De toute évidence, non !

Par contre le plus grand nombre a le pouvoir instantané de déléguer son pouvoir de masse (ca ressemble beaucoup à l’inertie d’ailleurs !) à quelques uns, élus.

Ce côté instantané me terrifie parce que s’il suffit de dérouler le discours qui marche le mieux pour obtenir le pouvoir. Alors :
Est-ce que ceux qui ont construit nos structures démocratiques étaient ceux dont le discours portait le plus auprès de la population de chaque époque ? C’est à dire souvent des gens incultes et seulement accessibles par le biais de leurs seuls soucis quotidiens ?

La seule garantie de nos structures politiques, si on cherchait à se rassurer, c’est que ces individus élus ne seront pas les plus dangereux (il faudrait y croire, encore qu’Hitler ait été élu tout à fait légalement en 33) et certainement pas les meilleurs.

C’est embêtant, mais si c’était le prix de la sécurité, ça vaudrait peut être la peine.

La pouvoir démocratique s’est acheté à la sauvette en payant comptant d’une réassurance médiocre sans doute, mais immédiate.

C’est pas étonnant que ça déconne.




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Philippe TURCAT

© Octobre 1998
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