MISE en JEU

Synopsis

MISE en JEU

Il était une fois une poupée de fête foraine, qui après avoir été remportée par d'heureux gagnants, a été abandonnée au bord de la route. Comme une aristochatte, elle s'est discrètement installée dans un lieu inoccupé, qu'elle a coquettement aménagé avec les moyens du bord. Là, dans ce confortable cinq étoiles de fortune, elle s'efforce de remplir sa solitude comme elle le peut.

L'imaginaire est son refuge préféré, aussi n'hésite-t-elle pas à s'inventer des amies, des petits-amis, des relations professionnelles … enfin tout l'entourage nécessaire à sa survie affective. N'hésitant pas d'ailleurs, afin d'avoir sa place dans la création, à se prendre pour un ange qui aurait des rapports privilégiés avec Dieu himself.

Rejetée de la société des humains, qu'elle a bien observés, elle les imite selon son humeur, tantôt avec mordant, tantôt avec tendresse, parfois avec une mauvaise foi absolue, mais bien souvent avec humour et esprit.

Le texte de Reine Bud-Printems, d'une poésie rare, nous offre une liberté de jeu fantastique. Débusquant les travers de ses contemporains et les maux de notre société, elle les transpose dans un univers à la fois familier, comique et insolite. Ses personnages, avec leur regard d'enfant, nous renvoient à nous-mêmes malgré nous, comme s'ils nous projetaient notre reflet par le biais d'un miroir magique. Nous rentrons de plain-pied dans un monde mystérieux, fantasmagorique, où notre inconscient collectif se révèle avec force et pudeur.

Car s'il s'agit bien ici d'évoquer la complexité de la nature humaine, avec son lot de solitude, d'interdépendance, d'amour, de foi, de rêve, de passion et d'illusion, le ton utilisé est définitivement léger et frais.

Pour cette création, nous nous sommes attachés à favoriser le rêve, la poésie, l'imaginaire et surtout le plaisir…

Le décor évoque un lieu insolite, une sorte de boîte magique, qui fait voyager notre esprit entre un grenier, une loge de théâtre, un débarras, un salon, un théâtre de marionnettes, une chambre d'enfant, une constellation d'étoiles un soir de fête… C'est un lieu fait spécialement pour que puissent s'y retrouver Alice, Peter Pan, Pinocchio, Le Petit Prince, Alfred de Musset, Chopin, Georges Sand, Franck Sinatra, et les autres, nous y compris… !

Les costumes sont intemporels, ni quotidiens, ni d'époque. Ils s'apparentent surtout à la personnalité des comédiennes et du musicien, dans un souci de fluidité, de confort et d'esthétisme.

La musique a une double fonction. Elle tient un rôle à part entière puisqu'elle sert d'interlocuteur aux comédiennes, en intervenant à des moments précis du texte pour interpeller, questionner ou admonester les personnages. D'autre part, elle participe à l'ambiance fantasmagorique de l'univers de la pièce en venant insidieusement soit appuyer, soit démentir les propos ou sentiments des personnages.

Quant au jeu des comédiennes, il est avant tout ludique. Excessif, tout en évitant la caricature, et néanmoins sincère, il doit nous amuser, nous surprendre et nous toucher. Chaque comédienne joue chaque personnage en alternance au cours des représentations, afin d'offrir au texte le plus d'interprétations possibles, aux comédiennes l'opportunité de jouer chaque soir un personnage différent, et aux spectateurs l'occasion de voir cinq versions différentes d'une même pièce.

La mise en jeu est donc mon seul objectif. En effet, cette distribution tournante n'a de sens que si chaque comédienne peut donner une interprétation libre et personnelle de son rôle. Aussi ne s'agit-il pas d'une mise en scène définitive et mécanique. Pour chacune un parcours différent, nécessitant une gestion autonome de son corps, de son rythme et de l'espace scénique en fonction de sa vision du personnage. Le rôle du metteur en jeu est donc de garder le cap et d'harmoniser les différentes propositions amenées par les comédiennes, de manière à jouer avec leurs propres personnalités mais dans un esprit de jeu commun et clairement défini. L'objectif est de rendre accessible l'imaginaire langagier du texte, et de l'incarner de façon ludique et visuelle.

Isabelle Tesseron.