Je suis née pour
tuer, et particulièrement pour te tuer.
Tu es parti, tu m'a laissée tomber
et je me suis fait vraiment très, très mal en tombant.
Les années ont passé, et j'ai toujours le mal en moi.
Le mal en moi du mâle en moi qui m'a fait souffrir l'enfer
d'aimer cette souffrance de croire en lui qui n'y croyait pas.
Alors, je tue ...
Je tue tous ceux qui te ressemble, et même parfois les autres aussi.
A travers eux, je te tue, le plus fort possible et je leur fait mal,
très mal, aussi fort que j'ai mal en moi de toi qui n'y est pas,
en moi ...
Ton visage s'est noyé dans la multitude de ceux que j'ai tués
pour la haine de mon amour pour toi qui n'en finit pas de vivre en moi.
Je voudrais qu'il meure cet amour, mais il ne meurt pas, il m'obsède.
Mes seuls moments de répits, c'est quand je tue, ça me vide
de toi.
Je mouille avant de tuer, je sais que je vais tuer, et quand je tue, je
jouis.
Après je suis calme pendant quelques heures,
mais tu reviens et tu me harcèles encore ...
Alors, je cherche le prochain toi, pour le tuer, te tuer en moi.
Je me fais belle, très belle, si belle qu'ils deviennent fous de
moi,
et moi je sais qu'ils vont mourir, mourir d'amour pour moi ...
Les journaux m'appellent "la mal-tueuse ;"
je trouve que ça ne me va pas si mal .
Ils me traitent aussi de dégénérée, de démente
dangereuse, de folle tueuse ;
moi ça m'est égal.
Evidemment, la police me cherche, me tend des pièges ;
D'ailleurs j'en ai tué un qui te ressemblait, ça n'a pas
été facile,
j'ai senti qu'il avait peur, très peur de moi, il se méfiait,
mais pas assez.
Alors, je l'ai tué très vite, par derrière,
dans un escalier à Montmartre dont j'ai oublié le nom.
Toi tu t'en serais souvenu,
c'était un endroit où tu m'avais emmenée un jour où
il pleuvait.
Je change souvent d'aspect pour ne pas qu'ils m'arrêtent
dans ma quête de toi, de te voir mourir en moi.
Je change aussi de quartiers, de régions,
je vais partout, et partout je trouve des hommes
qui sont comme toi que je hais en moi.
Voilà, je crois que je vais maintenant te quitter,
j'entends des pas dans le couloir, ils viennent me donner à manger,
ou peut-être pour m'exécuter, me tuer, te tuer en moi.
J'aimerais bien que ça arrive, qu'enfin tu meures en moi définitivement,
et quand enfin tu te seras tue en moi,
moi je ne serais pas là pour voir que tu seras mort,
car moi je suis déjà morte des milliards de fois
à cause de toi qui es en moi, et qui n'y est pas